Friday, January 4, 2008

CEPA: douze ans.

Amigas nuestras,

Hier nous avons célébré le douzième anniversaire de CEPA. (Centre pour l’Écologie et Peuples Andins.) Au même moment, à quelques kilomètres d’ici, se réunissait l’Assemblée Constituante. Leur réunion continuait bien après notre petite fête. Ce matin, après 16 heures de débats et quelques rectifications et ajouts, on a approuvé tous les articles de la nouvelle Constitution.

1. Cela ne veut pas dire que le processus est terminé. Le texte, qui compte plus de 400 articles, sera bientôt proposé à la population pour approbation par référendum. Pour cette dernière réunion de l’Assemblée Constituante, qui finalement a eu lieu à Oruro, 166 membres des 255 étaient présents. Deux fractions de grandeur moyenne se sont dérobées (PODEMOS et MNR), tandis que le parti majoritaire — le MAS du président Evo Morales — avec 9 petits groupes politiques, obtenaient le nombre de votes nécessaires. Il y avait des représentants de tous les départements. La question maintenant est de savoir comment l’opposition, sous la direction de Santa Cruz, va réagir à ce résultat ainsi que Sucre.

2. Au tout dernier moment, quand tout était déjà terminé, deux changements ont encore été apportés. La Paz et Sucre sont arrivés à un accord mutuel pour mentionner formellement dans la Constitution que Sucre est la capitale du pays, sans vouloir dire que les pouvoirs de La Paz devraient être transférés à Sucre. Cela pourrait tempérer les protestations à Sucre.
Le deuxième changement est un point ajouté aux crimes déclarés comme haute trahison envers l’état : celui qui met en danger l’unité du pays sera condamné, en tant que traître, aux peines les plus lourdes. Le but est d’arrêter les mouvements séparatistes de l’Orient.

3. Au fond, il restait deux possibilités au parti MAS :
- Essayer de faire approuver une Constitution par une Assemblée complète et dans ce but, être prêt à faire des concessions considérables au projet initial. L’idée principale sous-entendue était que cette approbation n’était pas un point final,mais le début d’un processus dans lequel, par des changements partiels consécutifs, on arrive, comme prévu, à la restructuration du pays. L’opposition n’a pas saisi l‘occasion de travailler à la modification du texte et a joué le tout ou rien, en pensant pouvoir faire échouer l’Assemblée.
- Finalement c’est la deuxième possibilité qui s’est réalisée. Le MAS a fait toutes les concessions possibles aux petits groupes politiques pour obtenir le nombre suffisant de votes pour approuver la Constitution sans la présence de l’opposition. On a essayé tout ce qui était possible pour assurer la légalité du processus, mais on a dû avoir recours à quelques solutions d’urgence. Pour l’approbation «grosso modo » à Sucre, à cause des protestations populaires, on n’a pas eu le temps de faire la lecture complète du texte (comme prévu dans la loi.) Et l’approbation « en détail » n’a même pas eu lieu à Sucre mais à Oruro, sous la protection, non seulement de l’armée et de la police, mais aussi des mineurs, campesinos et autres organismes sociaux. Maintenant on peut s’attendre pendant les prochains jours que le débat se fasse autour de la question, à savoir si le tout s’est fait d’une façon légale et légitime et si on veut en venir à un référendum.

4. Entre-temps le président Morales a déposé un projet de loi dans lequel lui-même, le vice-président ainsi que les gouverneurs (prefectos) des neuf départements, se soumettent à un référendum de confiance. Le peuple a l’opportunité de les renvoyer chez eux. De cette façon Evo veut prouver qu’il est démocrate et en même temps pourra se débarrasser de quelques dirigeants régionaux récalcitrants. Mais peut-être n’en arriveront-ils pas là, car si on peut conclure assez vite pour réaliser le plébiscite sur la Constitution et qu’elle soit approuvée, on devra, dans un bref délai, décréter de nouvelles élections générales sur la base de la législation nouvelle.

5. Hier soir, pendant qu’il se prenait des décisions importantes pour la nouvelle Bolivie, (déjà) nous étions en fête à CEPA. Il y a douze ans, nous rêvions à ce qu’il s’opère en Bolivie des changements fondamentaux où, les peuples andins et leur vision, joueraient un rôle important concernant leurs richesses naturelles. À ce moment-là, nous n’avions jamais pensé que cela pourrait se réaliser aussi vite.

6. Nous étions réunis avec une soixantaine de personnes : collaborateurs, membres de toutes sortes d’organismes et institutions avec lesquels nous collaborons. Aussi l’ex-ministre de l’industrie minière était de la partie. Don Vicente a reçu des éloges pour ses plantations d’arbres à Chuzekery et les campesinos de Challapata pour la défense de leurbassin hydroponique contre la menace de pollution. L’école secondaire d’Iruma a reçu un prix pour une étude collective sur leur village.

7. Je ne veux pas terminer sans mentionner un détail des plus remarquables. Pendant que je me trouvais à Cochabamba pour une retraite, je recevais une petite nouvelle d’Alicia : « Nous n’avons pas trouvé de prêtre pour la célébration eucharistique et nous avons décidé de remplacer la « misa » par une « mesa » (un sacrifice à la Mère Terre) sous la direction du prêtre cosmique, Eliseo (anthropologue aymara.)» Et ce fut ainsi. Parmi les plus grands changements religieux récents, il se trouve que les rites clandestins (car persécutés) d’autrefois des peuples andins, sont maintenant de l’ordre public, surtout à l’intérieur des organisations populaires. C’est devenu un fait qu’ils font maintenant appel autant au prêtre qu’au dominé ou aux «spécialistes » de leur propre milieu pour exprimer leurs sentiments religieux. Des situations semblables ont toujours été monnaie courante dans l’histoire des églises. Mais je crains que cette complémentarité (culturelle et cultuelle) dans l’exercice des fonctions va continuer à causer des maux de tête à la direction cléricale. On a déjà eu et on a encore actuellement trop de difficultés avec la théologie de la libération, axée sur des changements politiques et sociaux.

Déjà en avance, je souhaite à toutes et à tous une profonde ascension vers la fête de Noël et le Nouvel An. Est bien qui finit bien. Un début qui recommence.

Gilberto Pauwels – Oruro.

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