Tuesday, November 4, 2008

Un nouveau testament pour la Bolivie.

Bonjour tout le monde,

"Le texte de la nouvelle constitution, qui nous sera présenté pour approbation, me parait une sorte de Nouveau Testament. L’Ancien est surpassé, bientôt nous aurons un nouveau texte de base pour construire notre société." C’est une des comparaisons les plus remarquables que nous ayons pu entendre, ici, sur les derniers événements en Bolivie.

1. Le texte, approuvé à Oruro par l’Assemblée Constituante, a subi un certain nombre de changements drastiques en plus d’un époussetage faisant disparaître des dizaines de fautes esthétiques. Un groupe de personnes à pied, parti de Caracollo (Oruro) se dirigeant vers La Paz (à presque 200 km), pour exiger le référendum sur la Constitution, s’est amplifié en un cortège de 10 km de long de gens de la classe populaire. Ils ont pu célébrer la décision du Parlement que le référendum se réalisera en janvier. Le gouvernement d’Evo Morales souligne ainsi que la base juridique est posée pour le processus de changement qu’on veut entreprendre. Une partie de l’opposition qui approuvait le projet de loi, met l’accent sur le fondé des corrections effectuées. Que s’est-il passé ?

2. Il n’est pas possible d’examiner maintenant toutes les corrections. Elles sont majoritairement en relation avec les structures d’autonomie, les propriétés terriennes et la gestion des richesses naturelles. Il est évident qu’elles sont le résultat de calculs politiques. Après l’euphorie occasionnée par le fait que le référendum aura lieu avec beaucoup de chances que la nouvelle Constitution sera approuvée, plusieurs mouvements sociaux et groupes d’intérêts commencent à protester à cause des concessions faites qui sont quand même importantes. Pour calmer les protestations, le parti MAS avance qu’une nouvelle Constitution est toujours susceptible de subir des retouches plus tard, via le Parlement.

3. Voici un petit exemple de la joute politique que j’ai pu ramasser à partir de divers contacts.
— «Youppie !» s’écrie l’opposition de droite, «dans les élections parlementaires nous avons obtenu que le sénat demeure en place et pas avec trois mais bien avec quatre sénateurs par département, deux pour le gagnant et toujours un pour la deuxième place ainsi qu’un autre pour la troisième place. Même si Evo obtient 80 % des voix dans l’Ouest, nous pouvons avec le reste, récolter deux sénateurs, autant que le vainqueur. Si nous avons de meilleurs résultats dans l’Orient, nous maintiendrons le contrôle du sénat».
— «Il n’en est rien !» dit le parti MAS d’Evo, «notre majorité est si substantielle que nous pouvons nous permettre de constituer une opposition qui peut obtenir une deuxième et éventuellement une troisième place et faire en sorte que nous pouvons conquérir trois ou même quatre sièges dans un département.»
— «Attention!» dit une autre aile du parti, « ces groupes d’opposition concoctés pourrait devenir des mouvements de scission et cela dans deux directions : des gens qui prônent une société plus socialiste et d’autres qui favorisent une société plus autochtone.»
— «Semer la division!» dit l’opposition, «c’est tout ce qu’il faut.»
À suivre.
4. Que nous réserve le futur ? Avec un Nouveau Testament en poche, il est peu probable qu’on retourne vers l’Ancien ( la Constitution actuelle). Le chemin est tracé, les balises fixées. Sans oublier que la situation mondiale actuelle peut amplement ajouter son grain de sel dans tout cela. À court terme, ce qui monte à la surface pour le moment, c’est la demande de décolonisation à l’interne. Oruro met le cap sur une sorte " d’autonomie avec identité propre". En effet, pour diriger ce processus, on a engagé, la semaine passée, deux nouveaux fonctionnaires à la préfecture. On accepte de moins en moins qu’on dirige le développement d’Oruro à partir de l’axe central (La Paz – Cochabamba). Les communautés rurales autochtones et leurs "residentes" (les émigrants en ville) ne veulent plus servir comme tremplin politique pour les gens de la ville.

5. Je viens d’arriver d’un séjour de cinq semaines en Belgique où j’ai fait mes adieux à mon frère aîné Willy, décédé entre-temps. Des adieux aussi à la résidence oblate, située sur la colline à Korbeek-Lo, qui obtient maintenant une nouvelle destination sociale. J’ai été surpris d’entendre et de lire toujours les mêmes questions et remarques concernant le processus de changement en cours en Bolivie. D’où viennent ces réactions négatives stéréotypées? Il y a encore beaucoup à faire sur le plan de l’information concernant les relations Nord-Sud.

6. À ce sujet, j’ai pu assister, la semaine dernière, à quelque chose d’intéressant. Nous étions réunis au ‘salar’ d’Uyuni, avec une vingtaine d’organisations appuyées par Broederlijk Delen (organisme caritatif flamand). Quelques heures entre autres ont été dédiées à la préparation de la campagne de levée de fonds pour Pâques. Pas celle de 2009 mais celle de 2010 ! Quel message pouvons-nous faire résonner en Flandre à partir d’ici, pour qu’il soit profitable aux deux. Cela m’a fait penser à la manière dont on a construit ici la nouvelle Constitution. À partir de la base ! C’est possible !!
Vous allez en entendre parler encore.

Gilberto Pauwels.
CEPA Oruro.