Wednesday, February 13, 2008

Visages

Bonjour chacun(e),

10 février : fête du département d’Oruro et en même temps, cette année, Domingo de Tentaciones, premier dimanche du Carême (avec dans l’évangile, les tentations de Jésus, d’où le nom). Avec un cortège de fanfares se déroulent les dernières danses du Carnaval. À partir de la semaine prochaine, Oruro se dégrisera de ses festoiements. Concernant CEPA, notre évaluation de 2007 et le planning pour 2008 sont faits depuis longtemps. Quand je regarde la petite pile de paperasse, je pense : non, ce sont les gens qui donneront un visage à ce travail. Vu que plusieurs lecteurs des Griffonnages des Andes connaissent les gens de CEPA, parlons d’eux cette fois.

1. Angel et Isabel ont laissé les cortèges du Carnaval d’Oruro pour se rendre à Turco, leur village, dans un des sept autobus, remplis de gens de la ville, pour participer aux festivités des communautés locales, les «ayllus». Ils sont maintenant de retour et ont repris leur travail avec les légumes et les fleurs dans les serres et les champs de Chuzekery, situé derrière les collines autour de la ville. Ils ont hâte aux pluies car les pommes de terres sont en pleine floraison.
2. Marcelo Lara est un des rares anthropologues qui ne se limite pas à des descriptions, jusqu’aux superlatives, des splendeurs et fastes du Carnaval d’Oruro. Il se demande pourquoi les gens de la ville, les jours du Carnaval, empruntent des peuples andins leur musique et couleurs, mythes et rythmes, pour ensuite montrer si peu de respect et d’attention pour eux ? Pour lui la solution serait la création, dans les villages, de ‘Casas de cultura’ comme lieux de rencontres inter-culturelles.
3. Johnny Terrezas, Quechua : pendant les jours fériés, il vient faire une mise au point de l’auto de CEPA. Il vient des gangs de rue et travaillait dans la confection, la boucherie, cordonnerie, transport, …Il n’est pas seulement le chauffeur de CEPA mais aussi, de plusieurs façons, la personne contact entre le Centre et les groupes de travail. Bientôt il subira une petite opération au coeur mais nous avons confiance qu’il s’en sortira bien.

4. Francisca Condori est originaire du groupe ethnique minoritaire de Chipaya. Elle est un exemple de serviabilité à la bibliothèque. Mais jamais je n’ai pas vu une personne se fâcher plus qu’elle, quand elle parlait de ses expériences dans son propre groupe culturel, contre la discrimination de la femme Elle est la première étudiante universitaire de la Nación Originaria Uru (Chipaya, Muratos, Iru Ito). En préparation à sa thèse en anthropologie, elle a la chance de collaborer avec une linguiste allemande qui étudie sa langue, le chipaya.
Il y a aussi Viviane Cuisa qui a commencé à étudier en anthropologie à partir de son travail à la bibliothèque de CEPA. Il ne lui manque que sa thèse : trouver la relation entre la coiffure spéciale des femmes chipayas et les variabilités d’identité.

5. La thèse n’est pas encore faite dans le cas d’Emilio Madrid. Malgré les nombreuses recherches et plusieurs publications, il n’arrive pas à présenter une thèse. Peut-être bien en 2008 ? Il vit et travaille pour CORIDUP, l’organisation qui chapeaute les communautés rurales et qui milite pour la protection de l’environnement dans quatre bassins hydrologiques autour du lac Poopó (Desaguadero, Huanuni, Poopó et Antequera) et qui demande des comptes à des compagnies minières et au gouvernement. Un anthropologue au service des organisations populaires ! Avec Angela (agronome) et Silvana (chimiste), ainsi que secondé par Cesar Padilla (coopérant de Broederlijk Delen), ils constituent le groupe de choc de CEPA.

6. Plus discret est le travail d’Oscar Roca (psychologue) et Alicia Cuiza (finissante en psychologie qui prépare une thèse sur ‘conscience écologique’). Ce sont eux qui feront en sorte, qu’en 2008, le travail de CEPA obtienne plus de visibilité à l’extérieur et plus d’efficience à l’intérieur. Tout ce qui a trait à la formation et à la publication tombera sous leur mandat. Cette année, à Oruro, Norma Mollo, journaliste aymara, représentera CEPA à la ligue nationale environnementale (LIDEMA). Don Franklin, en tant qu’administrateur, n’a pas la tâche facile et parfois ingrate d’exiger en permanence la responsabilité pour tout ce qui s’utilise en matériaux et en fonds, en gardant en mémoire, que tout ce que nous avons à notre disposition, appartient au «patrimoine des pauvres.»

7. L’accompagnement des groupes Eco-mujeres et Eco-jovenes est confié à Eva. En d’autres mots, c’est le travail de bénévolat à l’intérieur de CEPA. Germán continue à être le responsable pour motiver et guider les autorités et les écoles dans les communautés rurales et de promouvoir afin qu’il ait plus de verdure et moins d’ordures dans l’environnement. Mais le plus grand défi est pour Limbert, depuis peu finissant pédagogue, du village aymara de Corque. Il lui incombe de développer le Tambo CEPA Chuzekery, situé à l’orée de la ville, en centre de formation avec un programme permanent d’inter-culturalisme, d’éducation environnementale et de dialogue inter-religieux.

8. Par essence l’organisation de CEPA n’est pas une île mais elle est intriquée à un réseau d’organisations, où travaillent des gens qui, dans le passé ont été liés à CEPA ou au centre diocésain de pastorale sociale. Ainsi Ely Lopez, anthropologue, passée à UMAVIDA, qui de La Paz, s’occupe de la coordination de ce travail oecuménique des organisations de développement dont seulement CEPA est membre à Oruro. En même temps elle s’approfondit dans la spiritualité inter-religieuse et environnementale. Luis Alberto Aguilar, fils de mineur et anthropologue, depuis un certain temps, préfet (gouverneur) d’Oruro, qui a entraîné dans son sillage Maribel, Victor, Roberto, Tito, Milton, Fernando, …pour réaliser son plan départemental nommé « Développement avec Identité». Sandra Berdeja (enseignante - anthropologue – avocate) travaille maintenant au Ministère de la Justice et Ricardo López au Ministère des Affaires Extérieures. Ils travaillent sur des thèmes pour lesquels ils étaient enthousiastes lorsqu’ils étaient à CEPA. Mirka Aguilar veut d’abord être une bonne mère pour ses trois fillettes, après sept ans de travail intense à la direction de CETHA Socomani (un centre de formation pour jeunes adultes des communautés andines). Elle a confié la direction à Judith, qui y oeuvre déjà depuis plusieurs années comme agronome. Carol Rocha et Eliseo Quispe, les deux anthropologues, continuent à oeuvrer loyalement à Pastorale Sociale-Caritas, dans la problématique autour de «tierra y territorio» dans les communautés rurales. Il s’agit d’une contribution peu connue mais extrêmement précieuse et fondamentale au renforcement des structures communautaires traditionnelles.

Ainsi je pourrais encore continuer pour un petit bout de temps. … seulement pour dire que beaucoup de gens, déjà avant 2008, ont mis la main à la pâte …

J’y étais …et je les observe, … réconfortant et avec admiration.

Avec un salut cordial,

Gilberto Pauwels.