Wednesday, July 1, 2009

Quelques questions sur la Bolivie.

Bonjour tout le monde,

Nous ne sommes pas dans les nouvelles mondiales. Ces derniers temps, c’est tranquille concernant la Bolivie. Les visions et actions, si différentes quelles soient, des présidents respectifs de la Bolivie et du Pérou, ont bien provoqué quelques flammèches, aussi la mise en place d’une union continentale a donné l’occasion à un peu plus de réunions et d’accolades mais il n’y a pas eu de pots cassés. Pourtant, il y a quelques processus en marche qui méritent l’attention.

1. Du terrorisme en Bolivie ? À Santa Cruz on a démantelé une bande armée qui avait l’intention de semer la terreur et qui voulait organiser un réseau armé pour forcer l’indépendance de l’Orient. Il s’agissait d’étrangers avec une ‘expérience de séparation’ (la Hongrie, l’Irlande), venus sur invitation des membres de l’opposition locale. Il n’est pas très claire jusqu’où s’étendent les tentacules de cette organisation. C’est le même groupe qui a fait l’attentat à la dynamite contre la demeure du cardinal Julio Terrazas, afin d’accuser le gouvernement comme auteur et de créer ainsi un climat d’agitation et d’insécurité.

2. De la persécution de l’Église en Bolivie ? Faux. Au début, l’attentat contre la maison du cardinal avait été présenté comme une autre preuve que le gouvernement d’Evo Morales veut causer du tort à l’Église. Des petits conflits et des déclarations sorties hors contexte sont largement amplifiées par l’opposition, inclus au niveau international, afin de donner une image anti-cléricale du gouvernement. C’est un fait que la hiérarchie cléricale réagit d’une façon crispée suite à la perte des privilèges, après l’approbation de la nouvelle constitution. C’est un fait aussi que le président et des membres du gouvernement participent, non seulement à des cérémonies religieuses mais aussi à des rituels autochtones et autres coutumes; ce qui vaut d’ailleurs pour la grande majorité des Boliviens. On prend aussi de plus en plus des initiatives oecuméniques et inter-religions. Et c’est encore un fait qu’à l’intérieur de l’actuel processus de décolonisation, l’Église se fait rappeler, de temps en temps, sa faute historique. Appeler ce processus de changement inévitable et hautement positif, une persécution de l’Église, est une exagération et donc un mensonge.

3. Une crise sociale et économique en Bolivie ? La présence de la Bolivie sur le marché mondial est très marginale et de ce fait le pays n’a pas été pleinement affecté par la crise. La réglementation gouvernementale concernant le pétrole et la montée des prix des matières premières ont procuré, jusqu’au début de la crise, des revenus imprévus, qui ont rendu directement des mesures populaires possibles pour des groupes sociaux faibles. Comme jamais auparavant, le cours du dollar est resté stable depuis des mois, (7,07 Bs). Par contre la prudence est à conseiller pour un futur prochain. Il y a déjà moins d’argent de disponible. Les prochaines élections générales (décembre 2009) pourraient tenter le gouvernement d’être exagérément généreux et d’accorder des concessions, pour lesquelles les comptes devront être présentés.

4. Du racisme en Bolivie ? Il y a eu quelques incidents remarquables. Ils doivent probablement être considérés comme l’expression d’un racisme latent, vieux de plusieurs siècles. Dans un certain sens le racisme est devenu plus visible parce qu’on y est devenu plus sensible. La désapprobation internationale du racisme joue d’influence. Peut-être que le racisme de fait a diminué ces derniers temps, parce qu’on peut moins se le permettre à cause du contrôle social. Il reste que cela demeure un problème énorme, il s’agit d’une mentalité latente et une attitude structurée qui seulement pourra être débâtie par un long processus de conscientisation et par une rectification des rapports de force. Pour le moment, on parle plus d’un processus de décolonisation qui doit être promu autant parmi les auteurs des pratiques racistes que parmi les victimes.

5. Des changements climatiques en Bolivie ? Considérant que nous passons actuellement la période la plus froide de l’année (- 14 C° la nuit), nous rêvons d’un réchauffement. Mais le réchauffement global ne sera pas tellement positif pour l’altiplano, du moins, c’est ce qu’on nous dit. On prédit bien une augmentation de la pluie dans des périodes plus courtes; donc des inondations et plus d’érosion. Mais aussi des périodes plus longues de réchauffement intense, d’aridité et possiblement, avec plus de nuits de gel. Cela exigera des recherches dans une gestion créative de l’eau.

6. Une conscience écologique en Bolivie ? Le président Evo Morales a tenu quelques discours remarquables devant les Nations Unies concernant l’environnement et les visions autochtones du monde. (German Condarco — collaborateur de CEPA, mais aussi jiliqata, chef de sa communauté — rappelait à Evo ses paroles lors de la visite de ce dernier à son village de Choquecota). Les ministères et les services gouvernementaux arrivent avec beaucoup d’hésitations à des actions concrètes. Par contre, au niveau juridique, on abat du travail dans la mise en place des normes, basées sur les droits de la Mère Terre — en tant que personne! — ( et non seulement sur la base d’un droit de la population à un environnement de vie sain).
Ceux qui visitent la Bolivie sont surtout impressionnés — malgré toutes les belles paroles — par les anneaux de déchets de plastique autour des villes et des villages et des traînées de déchets le long des rues et des places. La vision andine n’a pas de réponse pour une situation de pollution non-organique. Cela prendra encore un long processus d’éducation ( et d’imposition).

Des thèmes de ce genre font notre ordinaire à CEPA (Centre pour l’Écologie et Peuples Andins). Nous sommes en plein dans une période de formation, de campagnes, d’actions et de réunions de travail. Nous venons de fêter le Nouvel An de l’hémisphère sud ( le solstice d’été du 21 juin), ce que vous fêtez au Nord le 21 décembre. Ici nous le faisons sans Noël, mais avec les feux de la St-Jean, la fête du précurseur du Christ. Un nouveau début donc, une nouvelle chance pour rendre possible le « bon vivre » (vivir bien) pour tout le monde. Pour la première fois, cette fête autochtone a été proclamée ‘journée fériée’ par le gouvernement.

Gilberto Pauwels.
CEPA Oruro.