Thursday, September 4, 2008

Goutte à goutte et coups de pouce.

Amigos,

Travailler en développement ne peut plus se faire sans analyses ou planning, et c’est bien ainsi. Mais nous continuons à croire aussi à l’effet de la goutte à goutte et des coups de pouce produits à répétition, où chaque occasion qui se présente est mise à profit. Car de petites gouttes peuvent rendre des déserts fertiles, des coups de pouce continuels peuvent maintenir en vie ou briser une résistance.

Parfois il apparaît plus tard qu’une action qui n’était qu’une petite flamme alluma une mèche lourde de conséquences.

Qu’est-ce qui nous occupait ces derniers temps à CEPA ? (Centre pour l’Écologie et Peuples Andins)

1. Par exemple, samedi dernier, j’étais à trois endroits différents pour une session de formation.
- Ici, à CEPA, se réunissaient 35 membres des organisations sociales et des communautés rurales, accompagnés par Emilio et Angela, pour un cours en formation politique générale. Cette fois on traitait des droits des peuples autochtones.
- À notre centre de formation de Chuzekery, 40 femmes (et quelques hommes) de ERA-Mujeres. (Équipe pour des réflexions andines) C’est un groupe de femmes, fondé, il y a 14 ans au Centre diocésain pour Pastorale Sociale, par Carol Rocha. Avec Limbert de CEPA, ils ont débuté un échange sur le leadership et la production.
- En même temps 30 enseignants se réunissaient dans les locaux de Pastorale Sociale, dans le but de poursuivre une session de cours sur l’environnement et l’éducation. Il s’agissait surtout d’applications pratiques dans des locaux de classe.
- Le jour précédent, j’assistais à une cérémonie où quelques 200 élèves de 10 écoles différentes étaient habillés avec un poncho vert de CEPA, en tant que membres d’une patrouille environnementale. Avec un petit sifflet en main ils surveilleront, à l’intérieur et autour de leur école, pour le respect des plantes et des animaux et le rejet des déchets.
- Vendredi prochain, Marcelo organise une journée d’étude à l’université sur « Inter- culturalisme et la décolonisation », c’est la suite d’une initiative de l’université de Gand.
- Samedi prochain débute à Chuzekery une nouvelle série de fins de semaine sur des Journées Écologiques. Le cycle précédent de Journées Culturelles s’est terminé avec plus de 40 participants.
Ainsi, chaque semaine et surtout les fins de semaine, il se passe quelque chose.

2. Concernant les publications, il y a le Chiwanku (Le Merle), notre feuillet d’information qui donne chaque semaine un peu de nouvelles sur l’environnement et la culture. Mais il y a plus. Il y a quelques semaines, à l’occasion de la Foire du Livre, nous sommes allés à La Paz acheter quelques livres pour la bibliothèque et nous avons en même temps offert notre propre production.
Fraîchement sorti des presses il y a :
- Un texte traitant des danses andines et l’identité de partout dans le monde, écrit par une anthropologue autrichienne. L’étude s’est réalisée principalement par l’Internet, cyber-anthropologie dit Eveline Rocha.
- Une publication sur le village de Salinas de Garcia Mendoza, oeuvre de toute une vie de Macedonio, un enseignant local à la retraite. Une publication semblable sur le village de Huari est actuellement chez l’imprimeur, écrite par Braulio, en chaise roulante. À la fin de cette semaine nous présenterons à Iruma un livre sur ce village, écrit en équipe avec les professeurs et les élèves du collège.
- Dans l’Année internationale de la Pomme de terre, il ne pouvait pas manquer un livre sur la plus importante contribution des Andes pour l’alimentation à l’échelle mondiale. Il contient 13 contributions ressorties lors d’un symposium organisé dernièrement par CEPA sur ce thème. Un petit livre sur la pomme de terre, qui laisse la parole directement aux communautés rurales, passera chez l’imprimeur la semaine prochaine.
- Avec Pastorale Sociale – Caritas, nous avons ré-édité les petits livres de Marcos Van Rijckegem sur les arbres et les serres. Son manuel sur la culture des légumes est de nouveau chez l’imprimeur. Il y a quelques années, nous avons distribué des milliers d’exemplaires.
- Il y a aussi un livre relatant la vie de chaque jour à Villa Sebastian Pagador, à Cochabamba, (une paroisse des Oblats), un quartier d’immigrants d’Oruro

3. Des textes écrits sont souvent le dépôt d’expériences pratiques, comme le petit livre « Justicia Ambiental», apparu, il y a quelques mois. Entre-temps, l’équipe de CEPA qui travaille sur les droits environnementaux (Emilio, Angela, Silvana, Cesar) n’est pas restée les bras croisés. Pour le moment ils s’activent :
- à Antequera pour l’approvisionnement de l’eau potable, avec des camions citernes s’il le faut. Les sources ont tari à cause de l’exploitation de la mine d’étain.
- à Machacamarca, où ils appuient l’organisation d’un référendum concernant une exploitation minière locale.
- à Huanuni pour appuyer une demande déclarant le centre minier territoire sinistré environnemental (comme proposé ici, il y a deux ans, pendant une réunion internationale de jeunesse par le groupe flamand CATAPA) et exiger le contrôle de la construction éventuelle d’une digue pour la purification de l’eau souillée par l’exploitation minière.
- avec CORIDUP (Organisation des communautés qui sentent les rivières et les lacs menacés par la pollution de l’industrie minière) pour surveiller de près l’audit (mesurer les conséquences environnementales) de la mine aurifère Inti Raymi.
Hier, un ‘campesino’ de Chuquiña est venu nous raconter qu’une de ses vaches s’est égarée et qu’elle a bu dans un bassin d’eau proche d’une montagne de résidus de la mine. Elle s’est effondrée sur place et mourut. Régulièrement, le personnel de la mine va ramasser à cet endroit les oiseaux morts. Cyanure …!?
Hier et aujourd’hui, avec l’auto de CEPA, des gens sont allés sur les lieux pour faire les constatations nécessaires …

4. Entre-temps, la Bolivia a une nouvelle date en perspective : le 7 décembre, même si c’est toujours possible, dans le climat actuel d’insécurité, que le référendum que le gouvernement a promulgué par décret pour cette journée, n’ait pas lieu. (encore)
Ce dimanche 7 décembre, le gouvernement d’Evo Morales veut soumettre à la population, la nouvelle constitution pour approbation. En même temps on élira une centaine de sous-préfets (à la tête des provinces) et quelques deux cents conseillers provinciaux. La Paz et Cochabamba auront à élire un nouveau préfet. Les précédents ont été démis de leur fonction lors du dernier référendum, pendant que les autres préfets, incluant Luis Alberto Aguilar à Oruro, restent en poste.

Hier, à Santa Cruz, ont eu lieu les funérailles de l’Oblat canadien, Padre Gerardo Leclaire. Frappé par une moto il est décédé quelques heures plus tard à l’hôpital. Durant plus de quarante ans il a été au service du peuple et de l’Église. Merci, Gerardo
Plus que quiconque, il croyait à l’importance de petits gestes et des attentions pour les milliers de gens avec qui il était en contact. Vu sa légendaire ponctualité, il arrivait, selon les critères boliviens, toujours et partout trop tôt. Encore cette fois.

Gilberto Pauwels,
Oruro, Bolivia.