Sunday, January 21, 2007

Año nuevo.

Amigos/as todos/as,

Año nuevo. Un temps pour évaluer, un temps pour planifier. Souvent on manque de temps pour conclure, pour ramasser et archiver, car l’an nouveau a déjà un pied dans la porte.

1. Deux morts et plus de cent blessés, c’est le résultat des troubles et des combats de rue à Cochabamba, entre une masse populaire, constituée surtout de cocaleros (paysans cultivateurs de la feuille de coca) et de gens de la ville, surtout d’étudiants. Le but : les organisations populaires veulent forcer la démission du préfet, car celui-ci s’est dit favorable à «l’indépendance» de Santa Cruz, ce qui signifie, qu’il a choisi le côté de l’oligarchie. Les blocages de routes ont été levés et les négociations sont en cours, mais le problème est loin d’être résolu.
Les conflits en Bolivie prennent de plus en plus une couleur locale, mais la contradiction reste toujours la-même. Des organisations sociales et ethniques, qui veulent garantir leurs droits par des changements structurels, se trouvent devant des groupes dont l’intérêt est de maintenir leurs privilèges. Il s’agit ici d’une lutte de pouvoir qui ne cherche pas toujours et uniquement à parvenir à une société plus juste. Vu territorialement, les points de gravité se trouvent, d’un côté, à El Alto (proche de La Paz) et la région de la coca et de l’autre côté, le centre-ville de Santa Cruz. Cochabamba et les autres villes constituent les joueurs de centre. Les confrontations ont lieu dans les réunions de l’Assemblée Constituante (à Sucre) ainsi que dans les directions locales, opposées au gouvernement. L’année 2007 deviendra une année d’épreuves de force. Espérons, malgré tout, que cela puisse se réaliser sur une base de participation, consultations et dialogue, sans effusions inutiles de sang.

2. Le gouvernement proclame 2007 comme l’année de l’industrie minière. On veut que le pays profite plus des bénéfices. Les nouveaux contrats conclus l’an passé pour l’exportation du gaz, et qui ont contribué à une augmentation considérable des revenus, servent maintenant de modèle. Que l’exploitation des richesses naturelles doivent se faire avec le moins de dommages possibles à la nature, à l’environnement et à la santé des gens, ce thème est présentement beaucoup moins explicite. Donc en tant que CEPA, nous savons ce que nous aurons à faire …

3. 2007 restera encore l’année de l’émigration. Des masses de gens partent ailleurs, malgré les perspectives meilleures dans leur propre pays. Ce fait est cité trop facilement comme signe de l’échec de la politique de développement du gouvernement et comme une preuve que les changements ne donnent pas des résultats positifs pour le peuple. Cela me semble une conclusion erronée. Une amélioration du niveau de vie, conduit — certainement à court terme — à une plus grande émigration. Il y a encore, depuis longtemps, trop de personnes qui voulaient partir mais qui n’en avaient pas les moyens, ce qui est maintenant devenu possible. Ce qui n’était pas possible auparavant, le devient maintenant. Et, malgré toutes les chances d’amélioration, pouvoir partir ailleurs — même si ce n’est que temporaire — pour aller y gagner cinq, dix fois plus qu’ici, demeure quoi qu’il en soit, une tentation irrésistible. L’inégalité entre les pays est si grande que les gens continuent à opter pour cette opération difficile, risquée et pénible. L’annonce de contrôles plus poussés pour endiguer semblables migrations sont un argument de plus pour accélérer le développement.

4. Aujourd’hui, se termine le congé annuel de CEPA. Les travaux dans le potager, la vente de livres, l’accompagnement dans les conflits environnementaux ainsi que les projets de recherche se sont tout simplement poursuivis. Sofie et Lotte, deux étudiantes en anthropologie de l’université de Gand, sondent la population de Challacollo et Iroco sur leur conscience de l’environnement. Ivana, architecte aymara, dessine et décrit les lieux historiques et rituels d’un autre village, celui de Curahuara de Carangas. Ricardo enregistre l’histoire et la signification des toponymes dans le territoire de Soras. Sandra était heureuse que le président Evo Morales cite, lors d’une réunion d’évaluation nationale, son travail sur la jurisprudence autochtone, mais Idon qui travaille au même ministère, était plutôt déçu que son travail sur les droits humains ne soit pas mentionné.
La Coordonnatrice pour la défense des rivières et des lacs, exige, une fois de plus, via une lettre publique au président, un audit indépendant sur les conséquences environnementales causées par l’exploitation aurifère d’Inti Raymi (Newmont). Une deuxième petite fabrique d’acide sulfurique ne peut plus polluer l’air de la banlieue. À une réunion de travail avec le ministre de l’industrie minière, concernant une nouvelle législation minière, non seulement les représentants des mineurs salariés ainsi que les membres des coopératives minières étaient invités mais aussi les autorités autochtones des communautés andines. Et cela c’est tout un progrès. Bref, ce n’est pas la dynamique qui manque.

Au début de cette nouvelle année, je veux remercier très cordialement Hugo Parmentier et ses collaborateurs au Canada, qui chaque fois, précis et vite, transforment les ‘Andeskrabbels’ en Griffonnages des Andes pour rejoindre ainsi un groupe de personnes de langue française, qui ont à coeur Oruro et la Bolivie, en leur donnant l’opportunité de demeurer au courant des événements. Merci Hugo, pour ton attachement constant, après avoir toi-même rouler ta bosse, pendant des années dans les villages andins, il y a plus de trente ans..

Il pleut. Ailleurs au pays, il pleut trop ou pas assez. Ici, à Oruro, nous profitons jusqu’à date, d’un temps de pluie plus ou moins normal.
Je vous souhaite une année 2007 qui dépasse toutes les années précédentes en chaleur humaine.

Gilberto.