Tuesday, April 12, 2011

Superflu?

Cette année «Broederlijk Delen» (BD) ( littéralement : Partage Fraternel, est un organisme en Flandre comme Développement et Paix au Québec) a débuté son action de carême avec un slogan remarquable : "Rends-nous superflu". Comment un semblable appel peut-il être compris dans le Sud ?

1.Celui qui pense que BD affirme par ce slogan que personne ne leur demandera ou ne leur donnera plus rien, que BD trouve qu’il n’a plus de message à livrer et qu’il veut tout ficher là, il se trompe. Au contraire, le slogan veut lancer un appel afin que l’organisme puisse atteindre le plus vite et le mieux possible ses objectifs ( définitivement inatteignables).

2. Mais de qui peut-on dire qu’ils ont l’intention explicite de se rendre eux-mêmes superflu, et, si cela marche, de le considérer comme un succès ? Par exemple c’est le cas pour un médecin qui veut que le malade guérisse ou un enseignant qui veut transmettre du savoir et des valeurs à ses élèves afin qu’ils puissent entreprendre la vie par leurs propres moyens. L’objectif est que malades et jeunes se débrouillent par eux-mêmes. Dans ce sens, c’est une bonne affaire que BD ne désire plus être médecin pour des situations maladives dans le Sud. Il ne revient pas à BD de poser le diagnostique, de prescrire le remède et en plus de défrayer les coûts. C’est une bonne chose que BD ne veuille plus se présenter comme "nous qui savons et pouvons tout contre vous qui êtes incapables". Abandonner ce rôle patronal directif est aussi conçu dans le slogan :" Parce que le Sud a des plans". (un ancien slogan de BD). Des visions et des pratiques définies peuvent en effet être rendues superflu dans la relation de BD avec le Sud. Finalement, nous sommes tous un peu malades dans les mêmes situations. Nous sommes ignorants et ne savons pas quoi faire à l’égard de certains aspects de la vie et de la problématique spécifique de d’autres peuples.

3. Et qui ne se font pas superflus ? De la parenté, des amis, des alliés,....Considérer uniquement BD comme un organisme d’entraide qui vient au secours aux endroits définis ou auprès d’un groupe spécifique pour un certain nombre d’années et ensuite disparaît d’un coup, c’est quand même une vision trop étroite de l’organisme. Après 50 ans d’existence, BD ne peut pas comme ça se déclarer de trop, sûrement pas quand il s’agit de construire des ponts, de forger des liens entre le Nord et le Sud, en partant de la conviction qu’un autre monde est faisable, tout en tenant compte des plans propres des peuples du Sud.

4. N’est-ce pas que pour des situations semblables nous avons en flamand une belle expression, celle de l’enfant dans l’eau du bain. C’est bon, jetons l’eau du bain; elle est déjà depuis longtemps superflue. Mais occupons-nous ensemble soigneusement de l’enfant qui entre-temps a grandi : la relation Nord-Sud-Nord est à la base.

Gilberto Pauwels

Oruro – Bolivia.

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