Tuesday, August 12, 2008

Danse Funambulesque.

Amigas/os todas/os,

Samedi-soir. C’est demain que ça se joue. Dans toute la Bolivie, on tiendra une sorte de référendum de confiance dans lequel autant le président Evo Morales, son vice-président ainsi que huit des neuf préfets, à la tête d’un département, laisseront le peuple évaluer leur gestion. Il y a des têtes qui tomberont. Le président aussi sera funambule, mais plutôt sur un câble solide et bien tendu, pendant que la plupart des préfets le feront sur une corde lâche, même ceux du parti MAS.

1. D’où sort ce référendum ?
C’est le président Evo lui-même, qui l’a demandé, il y a quelques mois, quand il voulait prouver, à l’égard de quelques préfets, qu’il pouvait compter sur un fort appui populaire. La résolution fut légalement approuvée par le parti MAS (chambre des représentants) mais fut bloquée dans le sénat (opposition PODEMOS). À un moment donné, ces derniers ont voulu piéger Evo en approuvant le projet d’une façon inattendue. Le fait que beaucoup de membres de l’opposition, par la suite, aient quand même voulu empêcher la tenue du référendum, laisse entrevoir qu’ Evo pourrait réussir son pari et sortir renforcé de ce combat. Combien de chefs d’États, dans le monde entier, pourraient se permettre de proposer leur démission, si 53 % de la population le demande (pourcentage avec lequel Morales avait gagné l’élection) ?

2. Pourquoi alors les troubles sociaux récents ?
Il y a quelques jours, lors d’une intervention policière dans le but d’ouvrir un chemin bloqué, il y a eu deux morts et plusieurs blessés. Pour appuyer leur revendication pour une nouvelle loi de pensions, les mineurs de Huanuni avaient organisé un blocage de la route entre Oruro et Cochabamba et menaçaient de faire sauter un pont avec de la dynamite. La police est intervenue. De quelle façon les victimes sont mortes — chose que le gouvernement voulait éviter à tout prix, — ne sera probablement jamais clarifiée.
D’autres organisations ainsi que les enseignants ont mené nombre d’actions avec la même revendication. Des handicapés exigeaient une allocation annuelle (semblable à celle que les écoliers et les personnes âgées ont reçue). Des organisations régionales exigeaient un pourcentage plus haut des revenus du gaz et du pétrole …
Cela semble être une caractéristique particulière de la politique bolivienne ( … plus ouverte qu’ailleurs), quand le gouvernement a besoin de tranquillité et de votes, au moment des élections, des groupes sociaux profitent de ce ‘moment de vulnérabilité’ pour mettre de l’avant leurs exigences. À ce moment, on perd de vue les conséquences à plus long terme ainsi que la question à savoir s’il n’y a pas de meilleures alternatives.

3.
Au fond, de quoi s’agit-il ?
La question à savoir si la Bolivie doit continuer à se décentraliser ne se pose pas. Tout le monde en est d’accord. Il s’agit de décider quelle forme d’autonomie les différentes régions peuvent recevoir. Deviendra-t-elle une structure d’autonomie à quatre paliers, telle que prévue dans la nouvelle constitution (départementale, régionale, ethno-culturelle et communale) ? Ou une autonomie (néo-libérale) départementale extrême (fédéralisation) extorquée par la partie orientale du pays ?

4.
S’agit-il seulement d’une opposition entre l’Orient (tropique) et l’Occident (altiplano)?
Loin de là. Dans tous les départements, l’opposition des villes versus les régions rurales ou les faubourgs marginaux a monté d’un cran. Des gens ou des groupes se sont opposés sur la base de leurs origines (ethniques) et/ou leurs façons de vivre (culturelles). La société dominante blanche le vit comme une menace, pendant que les Indiens, ‘los excluidos’, depuis des siècles, le voient comme une opportunité de libération.

5.
Cela est-elle une donnée nouvelle ?
Pas du tout. Il s’agit d’un conflit vieux de cinq siècles, depuis la Conquista. Mais surtout ce qui s’est passé, il y a 50 ans, monte maintenant, — conscient mais surtout inconscient et non exprimé, — à la surface. En 1952, la Bolivie a connu une révolution agraire. Les communautés autochtones ont obtenu une plus grande voix (grâce au suffrage universel et l’enseignement); il y a eu une plus grande prise de contrôle par État sur les ressources naturelles (nationalisation des mines) et il y a eu la réforme agraire (distribution des terres aux travailleurs des haciendas). Au fond, le gouvernement actuel vise les mêmes objectifs. Inévitablement, cela se heurte à une opposition mais n’a pas à mener nécessairement à la violence. C’est précisément le grand défi d’empêcher un tel scénario mais les souvenirs du passé ne sont pas oubliés, ni les blessures guéries.

6. Est-ce que le référendum signifie une solution à ce problème ?
À vrai dire, non. Il s’agit seulement d’une épreuve de force. Le référendum apportera tout au plus un peu de poids dans la balance du côté de l’un ou de l’autre et affaiblira ou augmentera les oppositions. C’est sur la base de cette écographie que nous aurons à continuer par après.
Quel modèle de société voulons-nous ? C’est maintenant la question centrale qui doit recevoir une réponse dans … un prochain référendum. Si cela se produit. C’est à ce moment que la population se prononcera si la constitution, élaborée par « l’Asamblea Constituyente », recevra force de loi.

Mais nous ne sommes pas encore là.

Gilberto.

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