Monday, May 5, 2008

Vivre dans la diversité.


La diversité est une richesse, c’est ce qu’on affirme souvent actuellement. C’est même un des principes de base de notre CEPA (Centro de Ecología y Pueblos Andinos), tant en ce qui concerne la diversité culturelle que la bio-diversité. Mais vivre tous les jours ensemble dans la diversité ne semble pas si facile

1. La journée tant attendue (ou crainte) est proche : le 4 mai. Dimanche prochain se tiendra un référendum dans le département de Santa Cruz où on soumettra à la population pour approbation, les statuts pour l’autonomie. Ce référendum a été déclaré illégal par le gouvernement central d’Evo Morales car son organisation ne s’est pas déroulée en accord avec la constitution. Surtout deux dangers menacent cet événement : 1. que dans les faits, la Bolivie éclate; 2. que cela s’accompagne par d’explosions de violence.

2. Tous approuvent que la gouvernance du pays soit décentralisée. Plusieurs formes d’autonomie sont en préparation : autonomie régionale, départementale, ethno-culturelle et municipale. Le point de litige se trouve dans le fait que cela ne peut se faire de cette manière et encore moins sous la direction de ces gens (l’oligarchie de Santa Cruz). Ainsi, une large couche populaire à Santa Cruz s’oppose à ce référendum et dit ne pas vouloir participer. Le conflit existe non seulement avec l’altiplano occidental, mais aussi avec Santa Cruz. Ces jours-ci, dans tout le pays, de nombreuses manifestations sont annoncées pour l’unité et la paix dans le pays. Beaucoup sont en accord avec plus d’autonomie mais personne ne veut l’éclatement de la Bolivie.

3. Déjà, avec l’organisation de ce référendum autonomiste on a obtenu que le référendum national, pour l’approbation de la nouvelle constitution, soit reporté à plus tard. Après le 4 mai, on espère pouvoir utiliser le résultat du référendum de Santa Cruz pour envoyer le projet du référendum national à la poubelle et ainsi annuler une des plus grandes attentes du gouvernement d’Evo Morales. «Il est préférable de rester au pouvoir, même si c’est seulement dans l’Est du pays, que de laisser naître une nouvelle Bolivie. » C’est ce que la minorité riche et blanche de Santa Cruz a choisi, appuyé la-dedans par des intérêts étrangers.

4. Normalement dimanche prochain, tout devrait se dérouler dans le calme. Des organisations internationales ne veulent pas donner un caractère légal à ce référendum en envoyant des observateurs. Le gouvernement a demandé aux organisations populaires de ne pas envoyer de gens à Santa Cruz. Il y a des foyers de résistance pro gouvernement (San Julián, Yapacani, Plan 3000). Si on en arrive à des actes de violence ils trouveront probablement leurs origines dans les groupes radicaux des minorités (le néo-nazisme à Santa Cruz), les bandes de criminels ou dans l’instigation par des masse-médias (TV, radio). Quoi qu’il en soit, dimanche et lundi prochain, la Bolivie fera parler d’elle dans les nouvelles mondiales.

5. Au fond, il s’agit de vivre ensemble entre les diverses cultures sur la base de valeurs égales. Des différences peuvent être accentuées ou dissimulées. Cela m’a frappé, il y a quelques semaines, pendant un symposium avec quelques personnes d’El Alto (La Paz) et d’Oruro. Les contradictions entre le monde andin et la société «dominante» ont été étalées sur toutes les facettes, mais la différence entre les deux endroits, Oruro et El Alto, n’a simplement pas été abordée. El Alto est une ville jeune avec une population qui vient majoritairement des villages aymaras des alentours. Oruro est une ville minière ancienne, conquit peu à peu par des gens des villages des environs (Aymara et Quechua). À El Alto on utilise le discours défensif ‘anti’ (comme à Oruro il y a 10-20 ans) contre les «autres» qui vivent un peu plus loin, dans les zones situées plus basses de La Paz. Ici à Oruro, sans beaucoup de discours, mais avec un rôle prépondérant sur le plan économique et politique, on assiste à une prise discrète de pouvoir par la population autochtone. À chaque endroit, on est en train de bâtir une nouvelle identité. Les peuples andins sont à la conquête des villes.

6. C’est nouveau et c’est encourageant de voir les gens d’El Alto et d’Oruro se réunir autour d’une table pour échanger sur leurs problèmes communs. Cela a été possible grâce à Koen de Munter, qui depuis quelques années fait une recherche anthropologique à El Alto. Il a mis les résultats, en forme de livre (publié par CEPA) à la disposition des concernés et c’est sur cette base que les échanges ont commencé. Cela a été possible — et cela peut bien être mentionné, grâce au VLIR ( Conseil Flamand inter-universitaire) qui appuie des initiatives semblables. Jusqu’à date, CEPA a entretenu surtout des relations avec l’université de Gand, pour une étude sur la conscience écologique des peuples andins, pour la recherche bio-chimique, la recherche des alternatives contre la pollution par l’industrie minière et bientôt aussi pour une étude historique.

Aujourd’hui, le 1 mai, nous célébrons le 49e anniversaire de radio Pio XII, la radio oblate en Bolivie (Siglo XX, Oruro, et Cochabamba), une radio qui voulait convertir mais qui a été convertie à la lutte sociale et politique des mineurs, à la défense des droits des peuples andins comme le droit à leur propre culture, à leur terres, aux eaux et richesses naturelles sur leur territoire.

L’histoire autonomiste en Bolivie est loin d’être finie.

À bientôt, après le référendum,

Gilberto Pauwels.

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