Tuesday, February 10, 2009

"Otra Bolivia es posible"

L’approbation de la nouvelle constitution par la population bolivienne, via un référendum, a ouvert la porte à une nouvelle Bolivie. Qu’une autre Bolivie est possible n’est plus un rêve de consolation !

  1. Une fois tous les votes comptés au niveau national, il en ressort que 61,5 % (et non 58 %) de la population a voté « OUI » Il y donc eu 23 % de votes de plus pour le « OUI » que de votes pour le «NON. » Dans chacun des 9 départements pris séparément, les votes pour le « OUI » obtenaient au moins un tiers des votes et dans cinq départements, plus de la moitié de la population votait pour l’approbation de la loi; à Oruro 73.5 %, à La Paz 78 %et à Potosí 80 %. Il faut dire que nous sommes déjà habitués à ces chiffres élevés. En comparaison : depuis les 35 ans que je demeure en Bolivie, au niveau national, aucun président, avant Morales, fut élu en moyenne avec plus d’un tiers des voix.
    Hier, la nouvelle constitution a été proclamée solennellement par le président à El Alto. (où 84 % a voté « OUI »)

  2. À peine cinq pour cent de la nouvelle constitution est applicable dans l’immédiat, surtout la première partie, qui porte sur les droits fondamentaux de tous les Boliviens. Dans le cours des prochains mois, des centaines de lois devront être adaptées ou élaborées en accord avec la nouvelle constitution. Le plus urgent est une nouvelle loi électorale, car avant décembre 2009, de nouvelles élections nationales sont prévues. De grands pas en avant sont faits dans la nouvelle constitution, comme : la proclamation d’une large gamme de droits fondamentaux; une plus ample répartition sur tous les groupes sociaux et culturels de la participation à l’économie de l’état; un meilleur contrôle sur les richesses naturelles; décentralisation de l’exercice du pouvoir et liberté de religion basée sur l’égalité.

  3. Ce matin, comme première mesure, le président Evo Morales a fait connaître un remaniement de son cabinet. En tant que CEPA ( Centre pour Écologie et Peuples Andins), nous avons toutes les raisons d’être contents. Non seulement on a créé un nouveau Ministère de l’Environnement et de l’Eau mais aussi un Ministère de la Culture. Jusqu’à hier ce n’était que des vice-ministères. De plus, le Ministère de la Culture obtient un vice-ministère de Décolonisation et cela sur la base d’une proposition élaborée à Oruro.

  4. Cet après-midi Evo Morales était à Toledo. Il est venu mettre en marche le projet d’asphaltage du chemin de Toledo à Corque. ( 52 km ) Cela signifie que seulement le dernier tronçon, de Huachacalla à Pisiga, doit être complété pour faire d’Oruro ‘ un port sec de la Bolivie’ avec comme chemin d’accès une route asphaltée jusqu’à la frontière chilienne. J’ai rarement vu comme aujourd’hui, autant de ponchos verts et rouges réunis pour fêter cet événement.
    Demain, le président remettra à tous les grands villages de la Bolivie ( 35 ) une auto-ambulance.
    Raison de plus donc pour fêter demain, 10 février, la fête départementale, en mémoire de ce qui a été considéré comme le Premier Cri de Libération sur le continent, en 1871, ici à Oruro. Bien qu’on ait dû attendre plus d’un demi-siècle pour la Déclaration de l’Indépendance.

  5. C’est à ces événements historiques que nous avons dédié, dimanche passé, la deuxième édition de notre programme à la Radio Pio XII : « Contexto … texto ». Il y a déjà un certain temps que nous nous réunissions quelques fois par mois comme groupe « Amerindia » avec une dizaine de personnes (dont Geert Van Den Berge), pour analyser et examiner l’évolution dans la société et l’Église. Finalement, nous avons pris la décision de le faire d’une façon hebdomadaire devant les microphones. En effet, nous ne voulons pas seulement constater qu’une autre Bolivie (avec une autre Église) est possible mais désirons y contribuer le plus possible.

D’un — au grand plaisir de tous les agriculteurs — pluvieux Oruro.


Gilberto Pauwels.


N.B. Une petite note explicative sur les ponchos verts et rouges :


À Toledo, au moment de la visite du président Evo Morales, il y avait beaucoup de ‘autoridades originarios’, jilaqatas, en grand apparat. Il est ainsi que ceux de Jach’a Carangas ( le grand Carangas de jadis) s’habillent avec des ponchos verts, tandis que ceux de Toledo portent des ponchos rouges. Les mama t’allas (les femmes de jilaqatas) portent aussi respectivement des polleras et awayos verts et rouges. Les hommes avaient tous leur wist’alla ( pochette de coca), le lasso autour du coup et souvent aussi le Papa Santa Roma dans la main ( bâton ou crosse). C’était impressionnant de voir ces hommes et femmes par centaines.

Gilberto.

No comments: