Tuesday, June 26, 2007

Jour de l'An

Bonjour tout le monde,

Jour de l’An pour les peuples andins. Feux de la St-Jean. Solstice. Des pétards et des feux d’artifices font en sorte que ce n’est pas une nuit comme les autres. Le soleil s’est affaibli et on veut le réanimer avec des feux pour qu’il puisse recommencer un nouveau cycle.

1. Ce qui est nouveau pour la Bolivie, c’est surtout la constitution qui est en pleine élaboration, même si cela va prendre un peu plus de temps que prévu. Le parti au pouvoir a réussi à garder le contrôle dans la création des structures et des normes pour la nouvelle Bolivie. Avec des coups politiques habiles, sans passer outre aux règles du jeu de l’Assemblée Constituante, on a réussi, par exemple, dans la commission sur la ‘Vision du pays’ (sous la direction de Felix Cárdenas), à refléter autant la version de la majorité comme celle de la minorité, et de mettre ainsi l’opposition ‘hors jeu’. Les départements de l’Orient (la Media Luna), se braquent et il n’est pas encore clair la façon dont le tout va évoluer.
La Bolivie, deviendra-t-elle un état décentralisé avec une autonomie seulement au niveau départemental ? Ou va-t-on tenir compte, en outre, des communautés culturelles ? Dans les différents départements, sur lesquelles des ressources auront-ils des pouvoirs ? C’est de cette problématique - assez familière pour nous, Flamands et pour vous, Canadiens - qu’il s’agit maintenant. La vision ethnique et culturelle du gouvernement du président indien Evo Morales se heurte à la résistance.

2. Ces derniers jours, ici à Oruro, nous étions surtout occupés avec la problématique environnementale. Lors de la ‘Journée mondiale de l’Environnement’, nous avons réussi à réunir 40 journalistes ainsi que 90 personnes impliquées dans la cause environnementale pour scruter à la loupe la problématique régionale concrète.
Cette semaine aussi a eu lieu la Foire de la Biodiversité et Cultures andines. Pour la première fois, ce n’était plus seulement une initiative de CEPA. Maintenant, à chaque année, la préfecture ainsi que d’autres organisations offriront leur collaboration à l’organisation de cette réunion des jeunes. Cette année, pendant deux jours, 16 collèges secondaires des villages du ‘campo’ ont participé, avec 25 représentants chacun. Comme thème central nous avions choisi le 'Soleil'. Les ‘Enfants du Soleil’ (du Royaume Inca) ont bien le droit de commémorer ’l’Année Internationale du Soleil’! Du même coup, la thématique ‘Écologie et Peuples Andins’ a été institutionnalisée à Oruro. En tant que CEPA, que pouvions-nous espérer de mieux ?

3. Durant cette concentration de jeunes, - et pendant que le président Evo Morales se trouvait en réunion avec 34 maires quelque part en ville pour décider de la façon d’utiliser les presque deux millions de dollars que le Venezuela a mis à la disposition d’Oruro - se déroulait une rencontre à l’université de quelques centaines de représentants des quatre ‘suyus’ (Carangas, Suras, Quillacas et Urus) pour échanger sur le plan de développement 2007-2008. Le désir de vouloir toucher à tout me paraît plus grand que les possibilités techniques possibles.
Le plan est coulé dans le moule des Andes, de la Chacana (la Croix des Andes ou la Croix du Sud), avec l’intention d’en arriver à la Suma Qamaña (Bonne Vie), grâce à un Pachacuti (retour d’une Nouvelle Ère).

4. Entre-temps, le plan a grossi d’un document de plus de 300 pages et s’est avec fierté que le préfet, Luis Alberto Aguilar, nous l’a présenté lors d’une rencontre à notre maison avec quelques gens ‘d’antan’. Dans le passé, nous nous rencontrions de la même façon aux moments où il fallait défendre les droits humains, ou pour résister à la répression, ou pour des projets en faveur des mineurs congédiés ou des communautés rurales, ou quand nous rêvions pour un développement libérateur.
Aujourd’hui, quelques-uns d’entre eux portent la responsabilité directe de ce plan, avec plusieurs volontaires et chercheurs de CEPA comme collaborateurs.
Pancho et Clemente ont refroidi l’enthousiasme de Luis Alberto avec des témoignages concrets d’un manque «d’émotivité révolutionnaire» parmi les travailleurs de la fonderie d’étain de Vinto, pour lesquels ils portent maintenant la responsabilité.
Guillermo Dalence, le gérant de la COMIBOL (la mine d’état), ne cache pas sa confiance en Evo Morales, parce qu’il prône le contrôle sur les richesses naturelles et aussi parce qu’il peut compter sur l’appui d’une large base d’autochtones qu’il représente.
Personnellement, je base ma confiance sur le fait que le processus d’émancipation est imparable, indépendamment de certaines personnalités. Mais ce processus peut connaître des hauts et des bas, des régressions et des violences. Le degré de collaboration (interculturelle) de la classe moyenne peut faire pencher la balance.

De la nuit hivernale d’une ville pleine d’explosions, de feux d’artifices et d’éclats, de musique et de danses, d’alcool et de saucisses, de fumée et d’odeurs de brûlé. …je vous souhaite un été ensoleillé.

Gilberto.